Chine - 01

Publié le par minotaurus

 

Dimanche 15- Lundi 16 juillet 2012

 

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Passé les premières angoisses – « On va tous mourir parce que l’avion va s’écraser, d’ailleurs, il me semble que l’aile droite est prête à valdinguer… » , que du normal, quoi ! – le vol Paris-Moscou s’est révélé plutôt sympathique . Moscou-Pékin itou, agrémenté de films à la demande en anglais non sous-titré qui m’obligeaient à faire preuve d’une concentration extrême, empêchant donc de penser au pire.

Le soleil sur les nuages à une heure où il est censé être nuit quand je suis chez moi, ce fut un joli spectacle. Et la Grande Muraille vue d’en haut, un beau moment également, petit serpent blanc qui surmonte la chaîne de montagnes qui entourent Pékin.

 

*** en ce moment-même où j’écris, cinq ou six vieux chinois en bleu sont au-dessus de ma tête et regardent ce que j’écris, je vais négocier une photo en langue des signes ***

 

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Les jardiniers du Parc

 

Bref, ma première rencontre avec Aéroflot restera plutôt positive. Les hôtesses ne sont ni désagréables, ni moches, la bouffe pas si dégueulasse qu’Anna me l’avait vendue et la classe éco reste tout de même calée dans les sièges d’un Airbus, ce qui, rapport qualité-prix, reste, je trouve, à mon avantage.

 

Je passe sur le transit à Moscou, où la consommation bat son plein, avec des boutiques presque clignotantes sur toute la longueur dédalesque du bâtiment – et je convoque Dédale en sachant ce qu’il avait sous le capot, autant vous dire que son descendant russe ne s’est pas mouché du coude pour bâtir Sheremetyevo – et où l’examen de passeport par une riante militaire russe a fait passer mes récents oraux d’agreg pour une sympathique causette autour de macarons Hermé.

 

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L’accueil fut bien plus chaleureux à Pékin, où un fonctionnaire tout jouasse de parler français m’a fait risette avant de me prendre en photo – histoire de garder un trace de ma trombine si je décidais de squatter un peu trop longtemps la région – et m’a envoyée récupérer mes bagages sur un tonitruant « Bon grand séjour en Chine ! ». Xsie Xsie, Monsieur !

 

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Le train Aéroport-Pékin, c’est de la bombe atomique : rapide, supra-propre, pas cher. Le métro, c’est de la bombe itou : rapide, supra-propre, pas cher. L’efficacité à la chinoise. J’aime déjà Pékin.

 

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Et un petit coup de propagande, un !

 

Je trouve l’hôtel fissa, étonnamment, sans me perdre en chemin et, ô joie, une sympathique hôtesse m’accueille avec un anglais de bonne facture. Elle me donne la clé de ma chambre et je tique un chouïa en me rendant compte que je ne vois que des Chinois en montant. Je réalise que je n’ai d’ailleurs croisé aucun occidental sur le chemin. Je suis donc la seule laowai dans le coin, on dirait. On arrive porte 208, la fille ouvre la chambre. Boum.

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Je ne m’attendais certes pas au grand luxe et, à vrai dire, je n’en avais pas envie. Je voulais une immersion dans le réel, vivre à la chinoise, blablabla, mais c’était sans compter que ma réalité mentale était parfaitement construite. La petite occidentale frémit dans son dedans en entrant dans les huit mètres carrés qui vont abriter son prochain mois pendant que son dehors est très occupé à suer tout ce qu’il peut sous les 31° moites de la ville.

 

Un lit, un chevet, une chaise, une commode. Bon, pourquoi pas, après tout, je fantasmais spartiate, je suis servie. Problème : c’est dégueulasse et défraîchi un maximum. Mais vraiment ! Peintures qui s’écaillent, cintres en ferraille déformée sur la patère à trois boutons qui doit faire office de penderie et surtout, surtout, cadavres de moustiques explosés sur les murs, trop bien collés dans leur jus pour ne pas tomber dans la poussière qui macule joyeusement le sol en paillettes ou moutons.

J’ouvre courageusement la porte de la salle de bains. Re-boum. Encore plus gros même : un lavabo, des toilettes et un pommeau de douche au mur. Je mets quelques instants à comprendre que, le sol étant convexe, on se douche à côté du lavabo devant le miroir de guingois – faut pas être trop gros, on pourrait bousculer la tablette en verre qui pique du nez vers le bas et n’attend qu’un coup de coude pour se scratcher dans le lavabo – et l’eau s’évacue tranquillement. La douche italienne Made In China. Je me demande si on peut mettre – 2 étoiles dans ces cas-là. Je m’assois sur le lit pour réfléchir à une fuite honorable.

 

Un quart d’heure après, c’est décidé, je resterai bien un mois ici. Parce que, après tout, c’est ce que je voulais : un mois à la roots, loin des standards européens, histoire de voir… Voir quoi, je ne sais pas, mais voir.

En attendant, je poisse. Je comptais sur le petit savon de l’hôtel pour me laver fissa, mais, huhu, vous imaginez bien, pas de savon sur le rebords du lavabo. Pas de PQ non plus. Donc poisseuse ou pas, il faut sortir faire des courses.

Me voilà donc dans les rues de Pékin en quête d’un supermarché et je tourne finalement une bonne heure dans le quartier avant de trouver une espèce de supérette et de repartir avec une multitude de chouettes produits. Je me rendrai compte assez vite qu’il y a un Seven-Eleven quasiment en face de l’auberge de jeunesse, mais bon, mon sens de l’observation légendaire m’a fait le louper en ce premier jour.

 

En revenant à l’auberge, je me rends compte que je crève quand même sérieusement de faim. J’hésite à retourner à la supérette, mais je goûterais bien un truc local, typique, du vrai chinois de chez vrai chinois. Je m’arrête donc devant une de ces cuisinettes roulantes qui jalonnent les rues, en demandant à la dame qui fait des sortes de crêpes de laisser de côté la viande et la sauce – je suis encore frileuse pour les expériences extrêmes et, à la vue de la préparation complète, c’en est une – et de ne mettre que la grosse feuille de chou qu’elle tient dans la main. Le tout en mime grand teint : je réalise avec horreur que je ne sais rien dire concernant la bouffe en chinois. Et je m’aperçois encore plus terrifiée que je n’ai pas regardé de près la monnaie et que, quand la dame me fait « trois » avec ses doigts, je suis infoutue de compter correctement les billets et les pièces. Elle se marre en me voyant perdue entre les yuans et les maos et finit par se servir dans ma main. Je pars dévorant mon premier achat de rue, très gras et très rassasiant, en me promettant de jeter un œil sur la question financière dans mon guide.

 

Revenue à l’auberge, je dégaine les gants mapa, les éponges et le savon de Marseille – valeur sûre, le seul truc que j’ai reconnu dans les rayons ménagers – et je prends une heure pour un nettoyage sommaire de la chambre et de la douche, avant, enfin, de me glisser sous la flotte. Quatre heures après mon arrivée, je suis enfin propre, dans une chambre qui l’est à peu près.

 

Je ressors en petite robe et ballerines pour explorer les environs, plan en main, histoire de ne pas me perdre. Gros détour pour arriver au Parc Qing Nian Hu, qui se trouve en fait au bout de ma rue et va devenir mon QG.

 

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Je percute dès le lendemain sur la nécessité de se lever tôt à Pékin : entre 6h et 10h, il fait frais, denrée précieuse. A partir de 10h et jusqu’en fin d’après-midi, la chaleur est étouffante : une des solutions est d’investir un parc et de se poser au bord de l’eau, ce que je fais en ce moment.

 

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