Chine - 03

Mercredi 18 juillet – Cité Interdite

Effectivement une ville dans la ville.

Interminable entrée avec des portes diverses. Arrivée sur ce plateau où s’enchaînent des bâtiments plus ou moins grands, et non pas une énorme construction d’un bloc fait de centaines de salles comme je l’imaginais.

Masse de touristes impressionnante, chinois pour la plupart. Drôle d’impression de laideur au milieu de toute cette majesté. Troupeau se dirigeant vers les mêmes endroits, jusqu’au point culminant du jardin impérial, envahi de monde, de cris et de bouffe. Equivalence française : barbecue géant à Versailles. Suprématie de la consommation, avec des boutiques et des expos où on nous alpague en nous expliquant l’urgence d’acheter, puisqu’ils partent tous dans deux jours, visiblement.

Deux possibilités de fuite : les jardins à l’est et à l’ouest, avec des salles désertes consacrées aux calligraphies et aux céramiques, et l’aile orientale, sorte de Hutong au sein de la Cité, dédales sereins sans âme qui vive.

A voir, mais vite : l’aile ouest, les anciens appartements de l’empereur. Tout y a été reconstitué et peut être observé, mais derrière des vitres où tout le monde se plaque en laissant des traces de doigts. Drôle d’impression de voyeurisme. Drôle d’ambiance, assez triste, une redite du zoo à travers la splendeur passée qui meurt irrémédiablement dans les odeurs de bouffe.

*** je suis au Temple de la Lune et viens de poser pour une photo avec une Chinoise cramoisie de contentement ***

Sortie pour aller vers Wangfujing, LA rue commerciale, sorte de Rivoli chinoise. Une horreur. Je casse un foutu bracelet que je paye illico – il était rangé de guingois dans son coffret, paf ! En trois morceaux par terre. – puis me fais arnaquer sur la bouffe dans les faux Hutongs des rues arrières. Cent yuans dans la vue, ce qui n’est pas bien grave, mais me contrarie : je suis la touriste idiote.

Ce qui me contrarie aussi, ce sont mes pieds : les petites ballerines ne supportent décidément pas les kilomètres avalés et font payer mon dos de n’avoir pas été conçues avec une vraie semelle. Je fonce dans un grand magasin et choisis une marque locale de baskets : les fausses Nike ou Adidas ne me disent rien qui vaillent. Je meurs de chaud, mais mes petons pleurent des mercis reconnaissants depuis leur nouvel habitat. Entre le chaud et la douleur, je prends décidément le premier.

Je mets trois heures à remonter, en achetant au passage des vraies chaussettes faussement Nike qui achèvent la panoplie, et je trouve la rue sympa à vingt minutes de l’auberge, Gu Lou Dong Dajie, où alternent magasins de musique, stands de boissons fraîches, friperies et jolies boutiques d’artisanat.

Je rentre explosée, après avoir dévoré des pâtisseries achetées au poids et au hasard, et passe une bonne heure à me masser les pieds et à me désinfecter les jambes : mes rougeurs ne s’arrangent pas, je soupçonne de sales bestioles très voraces qui m’ont fait passer une nuit chaotique à les chasser (Lily : 2 – Moustiques : 0). Aux moustiques s’est ajouté le voisin insomniaque qui a passé la moitié de la nuit sur un fightgame hystérique.