Journal - 21 - Efficacité

On est efficaces. On le devient. On constate avec effarement qu'on est capable d'abattre plus de boulot en six mois qu'on en a jamais affronté auparavant.

On devient accro aux listes, aux post-its, aux rappels sur téléphone, aux alarmes qui rythment et balisent la journée, et le soir - rituel ! - on griffonne fébrilement les quatre-cinq tâches obligatoires qui seront atomisées le lendemain, en laissant de la place entre elles pour d'autres tâches qui apparaîtront dans une lumière éblouissante, avec la Voix de Dieu pour nous crier aux oreilles : Rajoute ! Fais ! Avance !

Et cette frénésie est euphorisante, c'est la pilule d'ecsta du matin, l'adrénaline qui monte et contre l'effarement désespéré qui nous prend au lever devant la masse à faire plier.

Alors parfois, l'inquiétude, la boule dans la gorge face au possible effondrement - inévitable dans la réussite comme dans l'échec.

Se planter et repartir ?

On  pourra ?

Ou réussir et se retrouver face au temps vide et rallongé ?

Qu'adviendra-t-il des listes, des post-its, des rappels, des alarmes ?

C'est pas le moment. Pour l'instant, c'est efficace. Rien d'autre à penser.